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Lionel Daunais

Chanteur, Compositeur, Parolier, Metteur en scène et Directeur artistique

Pendant plus de cinquante ans, Lionel Daunais exerce une indéniable influence sur la scène lyrique québécoise grâce à ses multiples activités de chanteur, compositeur, parolier, metteur en scène, personnalité de la radio et directeur artistique.

Formation et Débuts à la scène

Il Ă©tudie le chant, l’écriture musicale et le jeu Ă  MontrĂ©al. 1926 est une annĂ©e marquante : il fait ses dĂ©buts Ă  l’opĂ©ra dans Mireille (Gounod), il donne son premier rĂ©cital au Ritz Carlton, il enregistre ses deux premiers disques 78 tours et il remporte le Prix d’Europe, une bourse lui permettant de se rendre Ă  Paris oĂą il se perfectionne comme artiste lyrique et compositeur.

Il épouse Fernande Gauthier en 1927 à l’église Saint-Sulpice de Paris — le couple aura quatre enfants : Nicole, Francine, Jean et Louise — et en 1929 il est engagé à titre de premier baryton à l’Opéra d’Alger, y interprétant plus de vingt rôles durant la saison 1929-30.

Lionel Daunais chante l’Ave Verum de Stradella dans un arrangement pour voix et piano. Enregistrement rĂ©alisĂ© Ă  MontrĂ©al le 17 septembre 1926 pour STARR.

Trio Lyrique

De retour à Montréal en 1930, il chante au sein du quatuor masculin les Troubadours de Bytown. Parallèlement, il tient de nombreux rôles à la Société canadienne d’opérette jusqu’en 1935 et il fonde le Trio lyrique en 1932, en compagnie du contralto Anna Malenfant, du ténor Ludovic Huot (celui-ci sera remplacé par Jules Jacob au début des années 1940) et du pianiste Allan McIver.

Le Trio lyrique se produit en concert et il est très actif Ă  la radio jusqu’au dĂ©but des annĂ©es 1960. Son rĂ©pertoire se compose de chansons Ă  succès (Le tango des roses), de chants folkloriques canadiens, et de chansons humoristiques d’inspiration populaire de la plume de Daunais (AglaĂ©Le petit chien de laineMonsieur le CurĂ©, La tourtière). En 1932 et 1948, le Trio lyrique enregistre des 78 tours, puis en 1954 et 1961, des microsillons. Il collabore avec l’Office national du film pour la rĂ©alisation de quelques courts mĂ©trages d’animation et Ă  l’occasion de son 30eanniversaire en 1961-62, il prĂ©sente une sĂ©rie de 250 Ă©missions radiophoniques pour la SociĂ©tĂ© Radio-Canada (SRC).

Le Trio Lyrique chante Aglaé. Enregistrement réalisé à Montréal en 1948 pour DECCA.
Court mĂ©trage d’animation rĂ©alisĂ© en 1959 par Norman McLaren pour l’Office national du film (ONF). Le Trio Lyrique interprète le chant folklorique Le Merle.

Variétés Lyriques

Lionel Daunais et Caro Lamoureux, ca. 1940, dans une production des Variétés lyriques. Photo: Fonds La Presse, Archives nationales du Québec

En 1936, Lionel Daunais et Charles Goulet cofondent les VariĂ©tĂ©s lyriques, nouvelle compagnie privĂ©e de production de rĂ©pertoire lyrique qui prend le relais de la SociĂ©tĂ© canadienne d’opĂ©rette. Daunais y Ĺ“uvre comme codirecteur, chanteur et metteur en scène. Sur l’ensemble de leurs dix-neuf annĂ©es d’activitĂ© au Monument-National, les VariĂ©tĂ©s lyriques prĂ©sentent 84 Ĺ“uvres : 70 opĂ©rettes ou comĂ©dies musicales, 13 opĂ©ras et 1 revue musicale — 1084 reprĂ©sentations au total.

L’opĂ©rette française y tient une place de choix (Offenbach, Audran, Messager, Yvain, Planquette, Lecocq, Varney, etc.), cĂ´toyant les Ĺ“uvres viennoises (Lehár, Strauss, Kálmán) et amĂ©ricaines (Romberg, Herbert, Youmans). La programmation comprend habituellement un opĂ©ra par saison, parmi lesquels CarmenLe Barbier de SĂ©villeManon, La TraviataFaustRigoletto et Madame Butterfly. Toutes les productions des VariĂ©tĂ©s lyriques sont chantĂ©es en français.

Un nombre important de talents québécois y font leurs débuts. Parmi les artistes lyriques, on retrouve Pierrette Alarie, Léopold Simoneau, Louis Quilico, Raoul Jobin, Richard Verreau, André Turp et Joseph Rouleau qui se produiront tous par la suite sur les grandes scènes internationales. Parmi les stars du théâtre et de la radio figurent Jean Duceppe, Denise Pelletier, Paul Berval, Juliette Huot, Fred Barry, Guy Mauffette, Olivette Thibault, Béatrice Picard, Rita Bibeau, Guy Hoffmann et Pierre Thériault.

Radio-Canada et Place des Arts

En 1956 et 1957, Daunais signe les mises en scène pour deux sĂ©ries d’opĂ©rettes diffusĂ©es Ă  la tĂ©lĂ©vision de la SRC, un mĂ©dia encore tout jeune. En 1963, il monte La Mascotte, opĂ©rette prĂ©sentĂ©e plus de trente fois au Théâtre de Verdure. Puis, entre 1966 et 1969, il est directeur artistique pour cinq productions d’opĂ©rettes qui prennent l’affiche Ă  la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.

En 1970, la tĂ©lĂ©vision de la SRC lui consacre une Ă©mission dans la sĂ©rie Propos et confidences, et Ă  l’automne 1971, il interprète (Ă  69 ans !) plus de 140 de ses mĂ©lodies et chansons lors d’une sĂ©rie de 13 rĂ©citals diffusĂ©s Ă  la radio de la SRC.

Ĺ’uvres

Le Fonds Lionel Daunais des Archives nationales du QuĂ©bec contient l’ensemble de ses manuscrits, partitions, documents iconographiques et enregistrements sonores. Son Ĺ“uvre comprend : 250 mĂ©lodies et chansons pour voix et piano (incluant 4 cycles); 25 chansons pour la jeunesse; 19 arrangements de mĂ©lodies d’Anna Malenfant; 67 Ĺ“uvres profanes pour chĹ“ur; 10 Ĺ“uvres sacrĂ©es pour voix solo ou chĹ“ur; 84 arrangements de chants folkloriques pour chĹ“ur.

Discographie

Outre les enregistrements de 1926, la discographie de Lionel Daunais comme chanteur soliste comporte huit autres 78 tours, tous avec accompagnement orchestral, oĂą il interprète des airs et des chansons, y compris quelques-unes de ses propres compositions. Ces disques sont publiĂ©s chez RCA Bluebird (1939, 1940), RCA Victor (1940) et PathĂ© (1951). Le microsillon (33 tours) D’amour et de fantaisie, entièrement consacrĂ© Ă  ses mĂ©lodies, paraĂ®t en 1974 sous Ă©tiquette Select.

En plus des albums du Trio lyrique, les Ĺ“uvres du compositeur sont subsĂ©quemment enregistrĂ©es par divers autres artistes et ensembles, parmi lesquels Bourvil, HĂ©lène Guilmette, Bruno Laplante, Musica Intima, Michel Rivard, Mes AĂŻeux, Pascale Bussières et La Bottine Souriante.

Germaine Roger (vedette française) et Lionel Daunais dans Mam’zelle Nitouche Ă  l’affiche des VariĂ©tĂ©s lyriques en 1948. Photo: Fonds Lionel Daunais, Archives nationales du QuĂ©bec

Distinctions

Lionel Daunais reçoit plusieurs distinctions soulignant son apport inestimable Ă  l’essor de la vie musicale quĂ©bĂ©coise : MĂ©daille Bene Merenti de Patria de la SociĂ©tĂ© Saint-Jean-Baptiste (1965); MĂ©daille du Conseil canadien de la musique (1972); Prix de musique Calixa-LavallĂ©e (1977); Officier de l’Ordre du Canada (1978); Prix Denise-Pelletier (Prix du QuĂ©bec 1982); intronisation au PanthĂ©on canadien de l’art lyrique (1991); intronisation au PanthĂ©on des auteurs et compositeurs canadiens (2006).

À sa mémoire, la toponymie québécoise compte trois voies urbaines portant son nom : rue Lionel-Daunais à Boucherville, rue Lionel-Daunais à Saint-Jérôme, et avenue Lionel-Daunais dans l’arrondissement Anjou de Montréal.